Veolia cède sa branche transports pour se désendetter

Véolia veut céder sa branche « transport »

• Dans la Manche, Véolia assure plusieurs délégations de service public de transport urbain ou scolaire. Crédit photo de Heuliez14©

Premières réactions.

Les Tusa à Saint-Lô. Délégataire de service public de l'agglomération saint-loise depuis 2003, Véolia gère les Tusa (transports urbains de l'agglomération saint-loise) pour 1,2 million d'euros par an. Pour le maire, François Digard, l'annonce du groupe Véolia de céder sa branche transport « est un peu brutale, reconnaissait-il hier. Il faudra sans doute lancer une procédure de reprise des contrats. Mais bien évidemment, Véolia ne va pas abandonner l'activité du jour au lendemain. »
Jean-Karl Deschamps, leader de l'opposition municipale et vice-président du conseil régional, s'avoue « très surpris. Cela illustre le risque de remise en cause à tout moment d'une gestion concurrentielle d'un service public. Cependant, il existe des clauses de sécurité dans ce type de contrat, il ne faut pas paniquer. » Ce que confirme le directeur des Tusa, Benoît Bélier, « il n'y a aucune incidence aujourd'hui de cette décision pour l'usager. Mais nous n'avons aucune information à communiquer pour l'instant. »

Dans le réseau Manéo. Véolia est présente directement ou indirectement dans le transport collectif de la Manche, « à travers ses filiales VTNI et Normandie voyage, sur environ 2/3 des lignes régulières, et environ 1/5 des lots du transport scolaire », signalent les services départementaux, convaincus que cette branche « transport » sera rachetée. « Cette annonce n'aura donc, selon toute vraisemblance, aucune implication sur le réseau de transport du département au cours des prochains appels d'offre, d'autant que le tissu local de PME lié au transport est dense et viable. »

A noter qu'à Cherbourg, le transport urbain est assuré par le groupe Kéolis, filiale de la SNCF, et jusqu'à présent concurrent direct de Véolia sur ce marché du transport.

Ouest-France©

citaro a écrit:Ramenons ce problème à sa mesure. C'est la part de Veolia dans le nouveau groupe Veolia-Transdev qui est à vendre.
Le groupe reste et les contrats aussi. Le ou les repreneurs de cette part (transporteurs, banques...) feront peut-être du "ménage" et il était aussi prévu d'introduire ce groupe en bourse. On ne peut tirer aucune conclusion aujourd'hui.

Veolia Transdev est-elle en train de perdre ses fondamentaux ?

En deux mois, deux anecdotes étranges m’ont été rapportées.

La première s’est produite cet été, en Allemagne. L’entreprise avait décidé de participer à un appel d’offre pour opérer une ligne de train régionale, dans le nord-est du pays. Les équipes travaillent, préparent le dossier. A la dernière seconde, coup de fil du siège, à Paris : la direction a changé d’avis. C’est alors qu’un salarié rebelle, exaspéré, décide… d’envoyer tout de même le dossier. Et voilà l’entreprise candidate à l’appel d’offres, contre son gré, comme le rapporte le Figaro.

La seconde se passe dans le canton de Blaye, en Gironde. Depuis la rentrée, les chauffeurs de cars scolaires Citram – qui appartient à Véolia – ont, à plusieurs reprises, décidé de faire sortir les élèves qu’ils transportaient avant leur arrêt en leur indiquant vaguement la direction de la main.

Dans les deux cas, ce qui est frappant, c’est l’absence de crainte de la hiérarchie. Comme si les salariés n’avaient aucune peur de sanctions, aucune conscience même d’une autorité au-dessus de leur tête.

Veolia Transdev est une entreprise très jeune, née en février 2011 de la fusion de Transdev d’une part, et de Veolia Transport d’autre part. Trandev, entreprise publique, était une pure player du transport public. Veolia Transport, entreprise privée, était une branche de Veolia Environnement, qui proposait ses services aux collectivités locales parmi d’autres, comme la distribution d’eau ou le traitement des déchets. Pour cette raison, Transdev était bénéficiaire, alors que Veolia Transport ne l’était semble-t-il pas (les résultats étaient consolidés), puisqu’elle servait de variable d’ajustement – un contrat d’eau vendu cher était « compensé » par un contrat de transport public moins rentable.

Entre ces deux cultures différentes, il n’y a pas eu de terrain d’entente. Veolia Transdev, co-détenue à 50-50 par la Caisse des Dépôts et Veolia Environnement, n’est pas devenue le premier groupe mondial de transport public qu’elle avait promis de devenir. Pour des raisons de montage financier complexe – il fallait que la fusion se fasse à parité -, le groupe a été lesté d’une dette écrasant, près de deux milliards d’euros. Les pertes de contrats se sont accumulées, Orléans, Aix-en-Provence, Metz, Nice en 2011 seulement et rien qu’en France. Les résultats n’ont jamais été publiés, mais ni la Caisse des Dépôts, ni Veolia Environnement n’ont jamais démenti le chiffre de 580 millions d’euros de pertes nettes en 2011.

Dans les jours qui viennent, la Caisse des Dépôts va annoncer qu’elle rachète 5 à 10% des parts de Veolia Environnement. Veolia Transdev va donc devoir vendre des actifs pour payer Veolia Environnement. Et s’affaiblir encore.