2006, l'année du début des travaux du Mont-Saint-Michel

Ouest-France a écrit:Mont-Saint-Michel : le projet relancé

Les financements publics dans une enveloppe de 140 millions d'euros.
Le projet de réaménagement du Mont-Saint-Michel sera bien lancé au printemps. Le Premier ministre l'a confirmé mardi dans une lettre de cadrage adressé au préfet de la région Basse-Normandie.

Extrait de l'article de Philippe BOISSONNAT.

L'AFP a écrit:Aménagement du Mont-Saint-Michel: les habitants entre soulagement et crainte


MONT-SAINT-MICHEL (Manche), 27 jan 2006 (AFP)

La vingtaine de résidents du Mont-Saint-Michel sont partagés sur l'ambitieux projet d'aménagement et de désensablement du célèbre site qu'a officiellement lancé vendredi la ministre de l'Ecologie Nelly Olin.

Prévus pour débuter à la mi-avril, ces grands travaux visent à rendre son caractère insulaire au 'rocher', de plus en plus menacé par l'ensablement de sa baie.

Sont ainsi prévus la construction d'un barrage sur le Couesnon, la rivière qui se jette dans la baie, et le remplacement de la digue-route par un pont-passerelle de 396 mètres de long.

'Je suis vraiment très attaché à cet endroit et je pense qu'il est nécessaire d'agir pour que le sable et les herbus n'envahissent plus la baie', déclare Jean-Yves Lebrec, propriétaire d'une maison de famille dans la rue principale.

Mais les conséquences des travaux d'un coût total estimé à 140 millions d'euros l'inquiètent. 'Comment va-t-on faire pour se ravitailler une fois que la digue-route aura été remplacée par une passerelle sur laquelle circulera une navette?', se demande-t-il.

Actuellement, cette digue, bordée d'un vaste parc de stationnement permet d'accéder jusqu'au pied du rocher.

Une solution pratique, mais peu esthétique et qui ne laisse pas circuler librement les courants dans la baie, accentuant ainsi le phénomène naturel de sédimentation.

'Si la vie devient trop dure, il n'y a plus grand monde qui voudra habiter ici et c'est un peu dommage. Il ne faut pas que le Mont-Saint-Michel devienne une ville musée', juge M. Lebrec.

Site classé au patrimoine mondial de l'Unesco et haut lieu de la spiritualité occidentale, le Mont reçoit chaque année quelque trois millions de visiteurs. Mais seule une vingtaine de personnes vivent en permanence sur le rocher, dont la moitié appartiennent à la communauté des Fraternités monastiques de Jérusalem.

Les autres habitants sont des employés communaux, comme la postière ou les deux gardes champêtres, ou encore des fonctionnaires d'Etat chargés de la gestion de l'Abbaye, classée monument historique.

Au milieu des boutiques de souvenir, des restaurants et des bars de la rue principale, prêts à accueillir le visiteur, trône le célèbre restaurant de la Mère Poulard. 'Ce projet est une très belle chose s'il est conduit de façon raisonnable', estime son chef, Michel Bruneau, la toque vissée sur la tête.

Il avoue ainsi redouter l'arrivée d'une entreprise privée qui serait chargée du financement et de l'exploitation de la navette et du parc de stationnement prévu à environ deux kilomètres du site.

'Il faut que le Mont reste accessible à tout le monde et une entreprise privée pourrait appliquer des tarifs excessifs', craint-il.

'Comment voulez-vous être enthousiaste pour un projet qui a changé tellement de fois depuis tellement d'années?', interroge une autre habitante, soucieuse de rester anonyme.

Revenant sur cette longue gestation, Mme Olin a convenu que 'la dérive des coûts au fil des années était de nature à remettre en cause le projet tout entier'.

Depuis 1995, le budget prévisionnel a été à maintes reprises réévalué jusqu'à atteindre 220 millions d'euros.

L'Etat financera à hauteur de 60% la part publique de l'investissement, contre 40% pour les collectivités locales. 17 millions d'euros seront apportés par l'Union européenne et 3 millions par l'Agence de l'eau.

Date : 30/01/06 11:21:14
Source : AFP

natbus a écrit:Sur le moment je suis d'accord et tu sais pour combien de temps ça va durer

Ouest-France a écrit:mercredi 15 mars 2006

Le Mont marie Normands et Bretons
Le grand chantier devrait enfin démarrer en mai

Après les fiançailles, le mariage. Les élus régionaux bretons ont officiellement intégré hier le syndicat de la baie du Mont-Saint-Michel. Réélu président de ce syndicat, Philippe Duron souhaite désormais l'arrivée du conseil général d'Ille-et-Vilaine.


« Je tiens à remercier Jean-Yves Le Drian pour sa clairvoyance et son engagement. Il a courageusement su convaincre son assemblée de venir à nos côtés. Je souhaite maintenant que le conseil général d'Ille-et-Vilaine puisse travailler avec nous. Il le fait déjà avec nos collègues de la Manche sur les aspects environnementaux. » En attendant ces nouveaux témoins, Philippe Duron, président socialiste bas-nomand a vivement félicité, hier au Mont, son collègue, président socialiste breton.

Et réciproquement. « Le Mont, c'est notre devoir, notre intérêt, notre plaisir, a répondu Jean-Yves Le Drian. Il eût été irresponsable de ne pas vivre ensemble cette aventure passionnante. Le Mont nous ouvre grand la porte nord de notre territoire. Nous vivons trop avec un syndrome du sud, qu'il faut corriger. Je souhaite d'autres coopérations avec Philippe Duron. »

Début mai

Sur une facture totale de l'ordre de 140 millions d'euros pour les fonds publics, la dot bretonne s'élève à 14 millions d'euros. Attendu depuis des mois, le premier épisode des grands travaux, un nouveau barrage sur le Couesnon, devrait démarrer début mai. « Nous espérons que le Premier ministre viendra poser la première pierre de ces cinq ans de travaux », a souhaité Philippe Duron. « Nous ne toucherons pas aux aménagements hydrauliques conçus pour chasser les sédiments, a-t-il poursuivi. En revanche, les économies à réaliser se feront sur les systèmes de transports. » Pour la navette et le parc de stationnement de 4 140 places à La Caserne, le recours à un financement privé sous la forme d'une délégation de service public semble fort probable.

Les mariés d'hier ont peu parlé d'argent, heureux qu'ils étaient des noces normando-bretonnes. Une journée que Jean-François Le Grand, président du conseil général de la Manche, résumait ainsi : « Le Couesnon nous avait séparés. Le Mont nous réunit ! »

Jean-Jacques LEROSIER.


Ont été élus au bureau du syndicat mixte de la baie du Mont : président, Philippe Duron ; 1e vice-président, Jean-François Le Grand ; 2e vice-président, Jean-Yves Le Drian ; 3e vice-président, Mme Heurguier ; secrétaire, M. Gaulois ; membres, Mmes Brécy et Bréard, MM. Halbecq, Forafo, Lahellec.

Ont été élus à la commission d'appel d'offres et au jury de concours. Titulaires : Mmes Heurguier, Thomas, MM. Halbecq, Lecostey, Thoury. Suppléants : Mmes Brécy et Le Hérissé, MM. Gaulois, Beaufils et Dewitte.

Les dix membres du bureau. De gauche à droite : Rolande Brécy (Manche), Claude Halbecq (Manche), Jean-Claude Forafo (Basse-Normandie), Frédérique Heurguier (Basse-Normandie), Gérard Lahellec (Bretagne), Jean-Yves Le Drian (Bretagne), Philippe Duron (Basse-Normandie), Patrick Gaulois (maire du Mont), Jean-François Le Grand (Manche) et Georgette Bréard (Bretagne).

Ouest-France a écrit:vendredi 31 mars 2006

Mont-Saint-Michel : les travaux commencent

Alors que les travaux du nouveau barrage vont démarrer très prochainement, les élus demandent un ultime arbitrage budgétaire au Premier ministre.


Réunion au sommet hier au pied du Mont-Saint-Michel. Avec une rencontre entre élus _ dont Philippe Duron pour la Basse-Normandie, Jean-Yves Le Drian pour la Bretagne, Jean-François Le Grand pour la Manche _ et représentants de l'État. Première décision : le permis de construire du nouveau barrage sur le Couesnon sera délivré dans les prochains jours. « J'ai signé hier soir les arrêtés de concession du domaine public maritime au syndicat mixte de la baie du Mont » indique Jean-Louis Fargeas, préfet de la Manche. Les premiers coups de pelleteuses devraient donc avoir lieu fin avril ou début mai.

Le lancement du nouveau barrage sur le Couesnon ne signifie pas, pour autant, que tout est réglé question gros sous. Il reste une dizaine de millions d'euros à trouver. « Après la lettre de cadrage du Premier ministre du 23 janvier fixant l'enveloppe globale à 140 millions d'euros, nous avons réussi à trouver près d'un tiers d'économies sur les 220 millions d'euros du départ. Nous arrivons maintenant à 148 » explique Philippe Duron, président socialiste du conseil régional de Basse-Normandie et président du syndicat mixte de la Baie du Mont.

Parking et navette au privé

Question à 72 millions d'euros : comment passe-t-on de 220 à 148 ? L'essentiel de la réponse tient à « l'externalisation », autrement dit le passage au privé, de la navette (30 millions d'€) et du parking de 4 150 places prévu au lieudit la Caserne (15 millions d'€). « Nous nous sommes mis d'accord pour proposer une délégation de service public pour la navette et le parking avec un prix d'accès raisonnable pour les visiteurs, assurent, ensemble, Philippe Duron et Cyrille Schott, préfet de Basse-Normandie. Nous allons définir un cahier des charges pour l'été. Les candidats feront connaître leurs propositions, notamment pour la navette. Tout est ouvert. Nous choisirons le concessionnaire courant 2 007. » En début de réunion, le parking était prévu sur des financements publics. En fin de réunion.... il ne l'était plus. Les autres sources d'économies portent sur la réalisation du pont-passerelle, qui doit remplacer sur un kilomètre l'actuelle digue-route entre la Caserne et le Mont.

La question de l'anse de Moidrey

En revanche, élus normands et bretons se refusent à toute modification de la partie hydraulique du chantier, dont l'anse de Moidrey où doit être aménagé un bassin de stockage des eaux prévu au bord du Couesnon, à 4 km en amont du barrage. Composée d'experts indépendants, une commission scientifique sera chargée d'évaluer l'efficacité des travaux hydrauliques. « L'anse de Moidrey est un des sujets qu'il reste encore à négocier avec l'État. » Autre point délicat à éclaircir : l'enveloppe des 140 millions prévus par l'État sont-ils des euros 2 006, ou des euros 2 012 ? Ils n'ont pas la même valeur ! Pour rendre les ultimes arbitrages budgétaires et « savoir sur quel pied danser », les trois présidents Philippe Duron, Jean-Yves Le Drian et Jean-François Le Grand ont écrit, hier, au Premier ministre pour lui demander audience. La venue de Dominique de Villepin au Mont-Saint-Michel prévue pour la pose d'une « première pierre » reste hypothétique.

Pour sa première participation à un « comité de pilotage », Jean-Yves Le Drian, président socialiste du conseil régional de Bretagne, s'est réjoui, lui, de « la réflexion engagée sur les dessertes du Mont et la stratégie mise en place visant à une approche globale de la baie du Mont, de Granville à Saint-Malo. » Le Couesnon n'est plus une frontière.

Jean-Jacques LEROSIER.

Une vue du Mont-Saint-Michel à la fin des travaux en 2012, imaginée par les architectes de ce grand projet.

Ouest-France a écrit:Barrage du Mont : permis de construire accordé

Le préfet de la Manche a signé, mercredi, le permis de construire. Les travaux de l'ouvrage situé près du Mont-Saint-Michel vont commencer. Ils dureront plus de deux ans.


C'est signé. Le préfet de la Manche Jean-Louis Fargeas a paraphé hier le permis de construire du nouveau barrage sur le Couesnon. Le 30 mars, lors d'une réunion entre l'État, les Régions Basse-Normandie et Bretagne, et le conseil général de la Manche, le préfet annonçait déjà avoir « signé les arrêtés de concession du domaine public maritime au syndicat mixte de la baie du Mont ». Mais avant l'arrivée des pelleteuses, il manquait l'ultime feu vert que constitue ce permis de construire.

Le chantier du barrage de la Caserne, sur le Couesnon, marque le lancement des grands travaux de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. Le nouvel équipement doit permettre de « générer des chasses suffisantes pour déblayer les abords du Mont des sédiments qui s'y accumulent ». En clair, faire en sorte que le sable ne se dépose plus en aussi grande quantité au pied de la Merveille. Le chantier, prévu pour 30 mois, prendra forme d'ici quelques jours. Terrassements, coffrages, démolition de l'actuel barrage, pose des huit vannes secteurs... Il en coûtera environ 30 millions d'euros.

Importants, ces premiers travaux ne sont qu'une phase du programme global. Aménagements hydrauliques du Couesnon, création d'un bassin de stockage des eaux à hauteur de l'anse de Moidrey, réalisation d'un parking, d'une navette... Le projet dans son ensemble est finalisé. À un détail près, son financement.

En début d'année, le Premier ministre avait fixé l'enveloppe des travaux à 140 millions d'euros. Les estimations évoquaient, elles, une facture totale de 220 millions d'euros. Le 30 mars, le comité de pilotage estimait avoir « trouvé près d'un tiers d'économies ». Et pour rendre les ultimes arbitrages, les trois présidents Philippe Duron (Basse-Normandie), Jean-Yves Le Drian (Bretagne) et Jean-François Le Grand (Manche) prenaient leur plume pour demander à rencontrer le Premier ministre.

La venue de Dominique de Villepin au Mont-Saint-Michel était même annoncée pour poser « la première pierre ». On y est. Le climat politique s'étant dégradé ces derniers jours autour du chef du gouvernement, ce déplacement est-il toujours d'actualité ? « On peut être prévenus de sa venue au dernier moment », assurait, hier, le syndicat mixte de la baie du Mont. En attendant, le président de Basse-Normandie est bien annoncé, lui, ce jeudi à 17 h à la salle polyvalente de Beauvoir pour présenter le début des travaux.

Christian LEROSIER.

Ouest-France a écrit:« Qu'aurait-on entendu si on n'avait rien fait au Mont ! »

Les travaux démarrent. Philippe Duron et Jean-Yves Le Drian sont sur la même ligne : une démarche qui « embrasse toute la baie ». De Granville à Cancale.


Les grands travaux du Mont-Saint-Michel démarrent ces prochains jours par un nouveau barrage sur le Couesnon. Ils s'achèveront en 2012. Pourquoi les Bretons se lancent-ils dans une telle aventure ?

J.-Y. Le Drian. Si les hommes politiques ne prenaient pas de risques, autant qu'ils se transforment en rentiers ! C'est d'ailleurs ce type d'attitude qui a prévalu ces dernières années. Les touristes viennent au Mont, nous en avons des retombées. C'est fini, cela. Nous sommes redevables de la pérennité de ce site, trésor de l'humanité. Les risques pris sont minimes. Et, si nous n'arrêtons pas la dérive paysagère, nous subirons une dérive touristique.

Ph. Duron. Imaginons que nous ne fassions rien. Que n'aurait-on pas dit si le Mont, entouré d'herbus, avait perdu son insularité, son mystère. Il ne s'agit pas de désensabler la baie, mais de rétablir le caractère maritime de la Merveille.

Le coût du chantier avait tendance à s'envoler. Comment avez-vous réglé les problèmes budgétaires ?

Ph. Duron. Pour raboter la facture d'un montant global de 220 millions d'euros à, grosso modo, 150 millions pour le volet public et un maximum de 40 pour le volet privé, nous avons beaucoup travaillé ces six derniers mois. Lors de sa venue à la mi-juin, Dominique de Villepin annoncera les derniers ajustements. La réduction des coûts ne remet absolument pas en cause le volet hydraulique. En revanche, nous allons rechercher un partenaire privé pour la partie transport, la navette et le stationnement à la Caserne, à 2 km du Mont. Cela dans le cadre d'une délégation de service public. Nous lançons l'appel offres au début de l'été. On y verra plus clair à l'automne 2007. Tout est remis à plat. Privilégier l'aspect esthétique avant la technique de la navette, c'était mettre la charrue avant les boeufs.

À vous, socialistes, des élus de droite vous reprochent de « privatiser » le Mont, en 2012 à la fin des travaux. C'est le monde à l'envers ?

J.-Y. Le Drian. Il ne s'agit absolument pas de privatisation. Que fait-on dans nos villes ? Nous déléguons les transports à des opérateurs dont c'est le vrai métier. C'est exactement la même chose au Mont-Saint-Michel. Nous choisirons la meilleure solution possible.

Ph. Duron. Tous les élus de droite ne font pas cette critique. Jean-François Le Grand, président UMP du conseil général de la Manche, y est favorable. On ne doit pas avoir d'approche idéologique sur cette question mais être réalistes.

Comment envisagez-vous de faciliter l'accès au Mont, toujours problématique en été ?

Ph. Duron. Avoir une approche globale, de Cancale à Granville, est une de nos préoccupations majeures. Pour éviter l'engorgement, nous réfléchissons à un schéma des transports collectifs de la Baie du Mont, avec une diversité des accès, par rail, par bus. Nous souhaitons une démarche qui embrasse toute la baie. L'idée d'un Trans-Baie semble emballer la SNCF. Tous les visiteurs ne débarqueront pas au Mont via Dol-de-Bretagne où arrive désormais le TGV.

J.-Y. Le Drian. La baie du Mont est la porte nord de notre développement. Jusqu'alors, nous étions tournés vers le sud. C'était une erreur. Multiplions les coopérations avec les Normands.

Comment expliquez-vous l'absence de l'Ille-et-Vilaine au sein du syndicat mixte de la Baie du Mont ?

J.-Y. Le Drian. Je n'imagine pas que le conseil général d'Ille-et-Vilaine ne nous rejoigne pas à moyen terme. Le Mont est au coeur de l'entente entre Normands et Bretons.

Ph. Duron. C'est notre voeu le plus cher. En début d'année, l'arrivée du conseil régional de Bretagne, a constitué un vrai événement.

Recueilli par Philippe BOISSONNAT et Jean-Jacques LEROSIER.

Jean-Yves Le Drian et Philippe Duron, présidents socialistes des conseils régionaux de Bretagne et Basse-Normandie : « Nous réfléchissons à un schéma des transports collectifs de la Baie du Mont ».

Ouest-France a écrit:Mont-Saint-Michel : cap sur six ans de travaux

Ce matin, le Premier ministre, Dominique de Villepin, lance officiellement le grand chantier qui doit permettre de rendre à la Merveille son caractère maritime. Des travaux titanesques.

· Pourquoi des travaux au Mont-Saint-Michel ?

Les sédiments et les automobiles asphyxient le Mont-Saint-Michel un peu plus chaque matin. Deux fois par jour, la marée montante apporte ses kilos d'alluvions que la mer n'a plus la force de reprendre quand elle descend. Historiquement, le Mont était à quatre kilomètres du continent, aujourd'hui à une dizaine de mètres ! Les herbus s'étendent d'une vingtaine d'hectares par an. La digue-route, datant de 1879, n'a rien arrangé. En 2042, si rien n'est fait, la terre enserrera la Merveille inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, visitée chaque année par plus de trois millions de touristes.

·En quoi vont consister les travaux ?

La plus grosse partie est hydraulique. Ce matin, le Premier ministre pose la première pierre du nouveau barrage sur le Couesnon, coiffé d'un belvédère pour la vue. Objectif : redonner au fleuve son rôle de chasse d'eau afin de repousser les alluvions vers le large. Le curage du Couesnon, en amont du barrage, et la mise en place d'un pont-passerelle sur pilotis, entre le continent et le Mont, devraient amplifier le phénomène d'évacuation des sédiments. Les travaux ne concernent que les abords du Mont, soit 4 km2, à savoir 1 % de la surface de la baie.

·Comment ira-t-on au Mont ?

Supprimé, le parc à voitures et camping-cars s'étalant au pied des remparts, sur 16 hectares de grèves ! On ne se rendra plus au Mont-Saint-Michel en voiture, mais par navette. Elle reliera le Mont à la Caserne, à 2 km. Ce lieu s'affirme comme « porte du Mont », avec un futur parc de stationnement de 4 000 places. Objet d'infinis débats, la navette « à moteur thermique avec une esthétique digne du site » et le parking feront l'objet d'une délégation de service public. L'appel d'offres pour désigner le concessionnaire privé sera lancé à l'automne. Pour cheminer vers le Mont, la solution la moins onéreuse restera la marche. Les vélos seront comme les autos : interdits, faute de place pour les garer au pied des remparts.

·Comment se fera l'arrivée au pied de la Merveille ?

Par un gué. Le Mont devrait retrouver son caractère insulaire environ 150 jours par an, lors de coefficients de marée supérieurs à 75-80. Il aura les pieds dans l'eau trois fois plus de temps qu'aujourd'hui : la mer ne lèche les remparts qu'une quarantaine de jours, lors de coefficients de marée supérieurs à 100. Ainsi, l'ambition touristique est de mieux lisser, sur l'année, la fréquentation, trop forte, du 14 juillet au 15 août.

·Quel est le calendrier ?

Cinq à six ans de travaux sont prévus. Le nouveau barrage - 30 mois de travaux - constitue la première étape. Suivront les aménagements terrestres et la construction de la fameuse navette. En 2010, destruction d'une partie de la digue-route, utile jusqu'au dernier moment à l'accès de la Merveille. En 2012, fin des travaux. Durant tout ce temps, la visite du Mont et de l'abbaye reste ouverte.

·Pourquoi les coûts des travaux ont-ils dérapé ?

« Privilégiant d'abord l'aspect technique et esthétique, la technostructure n'a jamais compté et les élus ont laissé filer », résume un proche du dossier. Après un sérieux recadrage, le Premier ministre précisera, aujourd'hui, l'accord budgétaire trouvé. Soit environ 160 millions d'euros pour le volet public : l'État finance 60 %, les collectivités territoriales, 40 %, déduction faite des financements européens et de l'Agence de l'eau (20 millions d'euros). À cela, s'ajoute le volet « privé », sous forme de délégation de service public, autour de 40 millions d'euros.

·Qui pilote le projet ?

Le maître d'ouvrage est le Syndicat mixte baie du Mont-Saint-Michel. Présidé par Philippe Duron, président socialiste du conseil régional de Basse-Normandie, il comprend des représentants des conseils régionaux de Basse-Normandie et de Bretagne, du conseil général de la Manche, des communes du Mont-Saint-Michel, Beauvoir et Pontorson. Le conseil général d'Ille-et-Vilaine, lui, se fait toujours désirer.

Jean-Jacques LEROSIER.

La digue-route qui mène actuellement au Mont sera détruite et remplacée par une passerelle sur pilotis. Au bout de cette passerelle, un parking sera installé pour les voitures. Au fond, le barrage sur le Couesnon sera remplacé. Syndicat mixte baie du Mont-Saint-Michel

Le Monde a écrit:Les travaux pour désensabler le Mont-Saint Michel officiellement lancés vendredi

Le premier ministre, Dominique de Villepin, est attendu, vendredi 16 juin, au Mont-Saint-Michel pour lancer officiellement l'énorme chantier destiné à rendre son caractère maritime au célèbre site menacé d'ensablement. "Historiquement, le Mont était à un peu plus de 4 km du continent, alors qu'aujourd'hui il n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres", explique François-Xavier de Beaulaincourt, directeur général du syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel.

Le premier ministre doit annoncer que le coût total du chantier, qui devrait se situer autour de 150 millions d'euros, sera financé à parts égales par l'Etat et les collectivités locales tandis que 17 millions seront apportés par l'UE. Le chantier est prévu pour durer six ans, pendant lesquels les touristes pourront continuer à gravir le site.

EFFET CHASSE D'EAU

Plus de 10 ans après le lancement du projet, les travaux vont débuter par la construction d'un barrage hydraulique sur le Couesnon, la rivière qui se jette dans la baie du Mont, qui comme toute les baies est peu à peu comblée par les sédiments déposés à chaque marée. Le barrage, qui sera achevé fin 2008, doit remplir le Couesnon d'eau de mer à marée haute avant de la libérer à marée basse, provoquant un effet de chasse d'eau destiné à faciliter l'élimination des sédiments. Située à 2 km du Mont, la construction sera coiffée d'un pont-promenade doté d'un belvédère, d'où il sera possible d'admirer "la merveille" classée au patrimoine mondial de l'Unesco et l'ensemble de la baie.

Courant 2007, des aménagements hydrauliques seront par ailleurs réalisés en amont du barrage afin d'extraire 1,5 million m3 de sédiments du lit du Couesnon et de l'anse de Moidrey pour y créer un vaste réservoir. L'année suivante, devrait débuter la construction d'un parc de stationnement situé sur des polders agricoles à 2,5 kilomètres du Mont et au sein d'un site paysager qui accueillera des bâtiments d'accueil du public.

NAVETTE SUR UNE DIGUE-ROUTE

Fin 2010-début 2011, les visiteurs seront accueillis sur ce site pour y être acheminés jusqu'au Mont via une navette circulant sur l'actuelle digue-route. Cette dernière sera remplacée par un pont-passerelle d'environ un kilomètre, dont la construction débutera en 2008. Construite en 1964, la digue-route accentue en effet la sédimentation autour du Mont en empêchant la libre circulation des courants. Elle sera donc détruite en 2012, une fois le pont-passerelle achevé. La navette circulera alors sur des rails en empruntant ce nouvel accès.

"Ce chantier pourrait être réalisé en trois ans, mais notre fil conducteur est de maintenir l'accès au Mont pour que les visites continuent pendant le chantier", indique M. de Beaulaincourt. "Le caractère maritime du Mont-Saint-Michel sera visible dès la fin des travaux et le niveau des fonds sera abaissé d'environ 70 cm au bout d'une dizaine d'années", explique-t-il. Début 2005, de premiers travaux avaient été menés pour creuser une douzaine de mares destinées à accueillir une espèce rare de batracien qui avait élu domicile en amont de l'embouchure du Couesnon.

Déjà visité par plus de trois millions de visiteurs par an, le Mont-Saint-Michel devrait accueillir encore plus de monde au terme de ce vaste chantier. "L'ambition est que les gens visitent mieux avant de visiter plus nombreux. Les estimations disent qu'avec un meilleur niveau de qualité, on pourrait accueillir 5 millions de visiteurs par an" indique François-Xavier de Beaulaincourt.

Avec AFP

Le projet de "rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel" est passé de 134 à 220 millions d'euros, soit un surcoût de 86 millions d'euros.

Ouest-France a écrit:Et si on allait au Mont en train-tram ?

En 2012, une fois les travaux finis, comment les 3 millions de visiteurs annuels accèderont-ils ? Une association milite pour le tramway. Depuis Pontorson, voire plus loin...


« A ce jour, rien n'a quasiment été dit sur l'accessibilité au Mont. Pourtant, les trois millions de visiteurs qui fréquentent l'endroit chaque année, il va bien falloir les y emmener au pied du Mont, non ? » Hier mardi, Guy Fontenelle et les autres responsables de l'association ADPCR ont une nouvelle fois montré qu'ils sont toujours attentifs à la destinée du réseau férrovaire manchois ! D'habitude attachés à la ligne Caen-Rennes, ils ont cette fois concentré leur attention sur la desserte du Mont Saint-Michel. A l'issue des travaux qui doivent redonner le caractère maritime, en 2012, le site ne devrait plus être accessible en voiture et autocar. Pour les touristes, en tout cas.

Alors, comment ira t-on au Mont, une fois que l'on aura garé sa voiture à Pontorson, ou sur le site de la Caserne à 2,5 km de la Merveille ? Rien n'est encore décidé, mais seules quelques options sont envisageables : les navettes en bus, le train sur pneumatiques (aussi appelé « passeur »), les gros autobus (du type de ceux que l'on trouve dans les grands aéroports). Mais pour l'association, la solution est ailleurs. « Pour nous, le train-tram est le meilleur des transports, explique le président Guy Fontenelle. Partout en Europe du Nord, et depuis quelques années en France, le tramway s'est imposé comme le transport idéal pour les zones urbaines et péri-urbaines : à la fois rapide et sûr, silencieux, facile à intégrer dans le paysage car de dimensions réduites... Il est aussi aisé d'accès pour les personnes à mobilité réduite. Et puis, avec ses cabines de pilotage à chaque bout, il n'y a pas besoin de construire un aire pour les demi-tours. Le train-tram, lui, repart en sens inverse tout simplement. » Les bénévoles avancent aussi que ce véhicule pourrait être couplé au réseau SNCF, et au projet de train Transbaie, entre Saint-Malo et Granville.

Et les inconvénients ? Pour l'ADPCR, le train-tram n'en a quasiment pas. « Par souci d'esthétique, l'alimentation n'est pas obligée de se faire par caténaire. Un moteur diesel serait sans doute plus adapté..., note pour sa part Xavier Jacquet. Bien sûr, un tel projet nécéssiterait la création d'un tracé spécial. Mais ce sera aussi le cas des gros autobus. Avec 3 m de large, ces véhicules ne pourront emprunter les routes actuelles... »

Pour soutenir son propos, l'association vient d'envoyer un cd-rom résumant ses réflexions à de nombreux élus. « Nous l'avons fait parvenir à plusieurs conseillers généraux, mais aussi à des conseillers régionaux normands et bretons, ainsi qu'aux deux préfets de région... Pourquoi n'iraient-ils pas voir ce qu'est un train-tram ? Sans aller jusqu'en Allemagne, ils pourraient par exemple aller en région parisienne, voir celui qui va bientôt être inauguré entre Aulnay et Bondy... Les élus s'en remettent trop aux seuls techniciens. Le Mont mérite mieux qu'une désserte en bus qui, pendant la période estivale, obligerait des départs toutes les deux minutes pour amener le flot de touristes : 3 000 personnes par heure. Un départ toutes les deux minutes, c'est pire que le métro aux heures de pointe ! »

Ludovic RENOULT.

Train ? Navette en bus ? Hier, les représentants de l'association ADPCR (avec de gauche à droite : Jean-Marie Hervé, Xavier Jacquet, Guy Fontenelle et Georges Lesaulnier) ont réaffirmé leur plaidoyer pour le train-tram entre Pontorson et le Mont Saint-Michel.

France 3 Normandie a écrit:

La polémique enfle autours des travaux du Mont-Saint-Michel et notamment du programme des navettes.

Des navettes derniers cri avaient été prévues pour acheminer les visiteurs jusqu'au Mont. Mais en décembre, faute de moyens, le syndicat mixte y a renoncé. Les visiteurs devront donc marcher sur à 900m pour atteindre le mont... Un vif mouvement de protestation se fait sentir de la part de certains élus et des professionnels du tourisme.