[Caen] Projet de plate-forme conteneurs sur le quai de Calix

Le projet de plate-forme de conteneurs fait débat

Elle doit être mise en place dans le port, quai de Calix. Lundi, Hérouville a donné un avis défavorable. Trois autres communes seront consultées dont Caen. (Lire aussi en page Hérouville).

Pourquoi ? Comment ?

En quoi consiste ce projet ?

Dévoilé fin 2010, il est porté par Ports normands associés (PNA) (1), propriétaire du port de Caen-Ouistreham. L'idée : créer une navette maritime entre Le Havre et Caen, pour acheminer des conteneurs qui transitent actuellement par la route. Le port de Caen y gagnerait en activité et Le Havre « évacuerait » ses conteneurs avec plus de fluidité. Ce projet nécessite l'aménagement d'une plate-forme, dans le port.

À quel endroit ?

PNA la prévoit quai de Calix. « Les autres bassins du port (Hérouville, Blainville et Ranville) sont soit inadaptés, soit déjà fortement occupés », observe PNA. Investissement pour l'aménagement : 4 millions d'euros, (PNA et Fonds européens). « Tout a été prévu en cohérence avec les futurs projets de circulation », précise aussi Jean-Michel Sevin, directeur général de PNA.

Où en est-il ?

PNA prévoit une mise en service au 2e semestre 2012. La capacité serait de 30 000 conteneurs par an. L'enquête publique a démarré le 14, jusqu'au 16 décembre. Quatre conseils municipaux vont donner un avis, consultatif : Mondeville et Hérouville-Saint-Clair, où sont situés les terrains ; Colombelles et Caen, villes voisines.

Qu'en pensent Hérouville et Mondeville ?

Quai de Calix, 20 % des terrains sont situés à Hérouville et 80 % à Mondeville. Le conseil municipal d'Hérouville a émis, lundi, un avis défavorable. Les élus de Mondeville se prononceront vendredi 25. A priori, la commune pourrait formuler un oui, assorti de conditions.

Et Colombelles et Caen ?

Colombelles et Caen se prononceront le 12 décembre. Maire de Colombelles, Colin Sueur (PS), se dit « réservé ». S'oriente ver un « oui, mais » au projet. « Oui, au regard du développement économique » et pour la « liaison avec Le Havre, plus qu'importante ». Réservé « quant à la localisation ». La zone, « dans un cul-de-sac », est « à la croisée » du futur Caen Presqu'île ; du projet hérouvillais d'éco-quartier ; près de l'ex-site de la SMN, en reconversion. « Cela repose la question, de façon urgente, de la LIQN [future Liaison interquartiers Nord, censée désengorger la circulation, à la charge du conseil général à cet endroit]. »

« Je recommanderai de voter oui », indique Philippe Duron (PS), maire de Caen. « C'est un projet très intéressant pour le port. » Activité nouvelle, les conteneurs vont « enrichir sa compétence ». Un projet également intéressant « en terme de développement durable » (21 000 camions annuels en moins) et « dans le cadre du projet Estuaire de la Seine ».

Sébastien BRETEAU et Virginie JAMIN.

(1) Syndicat mixte par la Région, avec la Manche et le Calvados.

Sébastien BRÊTEAU
Ouest-France©

Le conseil municipal d'Hérouville a émis, lundi, un avis défavorable.

Le projet « conteneurs » fait monter la pression

Une centaine d'habitants, riverains du canal, se sont réunis samedi matin à Hérouville-Saint-Clair.

Un débat vendredi soir en conseil d'agglomération, une réunion d'une centaine d'habitants le lendemain : le projet de plate-forme quai de Calix suscite inquiétudes et débats nourris.

La polémique

Ils sont une centaine, rassemblés sur une berge du canal Caen-Ouistreham. Samedi matin, à Hérouville-Saint-Clair, le collectif contre le projet de plate-forme de conteneurs quai de Calix a tenu sa première réunion. La mise en service de la plate-forme est prévue pour le 2e semestre 2012. Portée par Ports normands associés, elle accueillerait une navette amenant des conteneurs du Havre. L'enquête publique se tient jusqu'au 16 décembre.

Les interrogations fusent. Quelles nuisances sonores ? Lumineuses ? Les vibrations engendrées ? « Que contiendront les conteneurs ? Quelle protection ? » se demande aussi Jean, un retraité âgé de 62 ans. Comme presque tous les habitants réunis samedi, il habite en face du site retenu, de l'autre côté du canal. « On a besoin d'informations. Sur les infrastructures routières, les enjeux sur l'emploi. Pourquoi si près de la ville ? s'insurgent trois riveraines. C'est incohérent avec le développement de la Presqu'île. »

Beaucoup sont « inquiets. » Étudiant, Julien relance : « Ce projet, je le trouve scandaleux. Il est égoïste. » Il souligne : « On a déjà un dépôt pétrolier à côté d'un pont. Et maintenant, ça... » Luc, 49 ans, jardinier, estime qu'un dépôt de conteneurs « ne fera qu'amplifier les risques, avec davantage de passages ». Et si le Périmètre de prévention des risques technologiques (PPRT) devait changer, « nos maisons seront-elles expropriées ? » interpelle Christel Lory, à l'initiative du collectif, avec son mari. « On est de plus en plus convaincu que ce projet à cet endroit, au coeur de la ville, est une folie. » Une pétition a recueilli 350 signatures.

« Arrêter de faire peur »

Maire d'Hérouville, Rodolphe Thomas (MoDem) a abordé le sujet la veille, en conseil d'agglomération. « On ne peut pas accepter tout et n'importe quoi, hypothéquer l'avenir. » Maire de Blainville, en charge du développement économique, Daniel Françoise (PS) soutient l'opération. Le canal, « construit par nos ancêtres jusqu'au coeur de Caen, utilisé ensuite par la SMN, est une chance fabuleuse ».

Quand « l'économie a souffert, l'habitat s'est rapproché ». Il décrit : « On a d'un côté la partie habitation et un génial chemin de halage, à préserver. De l'autre, une activité économique qui existe, à développer. » Critique : « Les réactions de Rodolphe Thomas ne peuvent qu'affoler sa population. » Élu caennais, Eric Vève (PS) abonde : « Il faut arrêter de faire peur et de se faire peur. »

Colin Sueur (PS), maire de Colombelles, glisse que Rodolphe Thomas « n'a pas tort : il faut toujours être attentif ». Il insiste sur un élément : « On ne peut laisser démarrer cette opération sans régler la question de la Liaison interquartiers Nord. »

Député-maire de Caen, Philippe Duron (PS) est d'accord sur ce point. Souligne que la logistique portuaire « n'est pas dénuée d'intérêt : il y a de la création de valeur et d'emploi ». Il s'agit de « traiter avec un maximum de prise en considération les nuisances », et d'en « tirer les conséquences ». Conseillère régionale et caennaise, Pascale Cauchy (Europe-Écologie - Les Verts) souligne : « Il faut entendre les inquiétudes, apporter toutes les réponses. »

Mardi 7 décembre, à 18 h, salle des fêtes, rue Chapron, à Mondeville : réunion publique, avec le commissaire enquêteur et PNA.

Virginie JAMIN.
Ouest-France

Terminal de conteneurs : le conseil municipal de Caen dit oui
mardi 13 décembre 2011

Le syndicat mixte Ports normands associés (PNA) projette sur le port de Caen-Ouistreham l'aménagement d'une plate-forme pour recevoir des conteneurs. L'emplacement est prévu quai de Calix, au cœur de l'agglomération caennaise, ce qui inquiète des riverains de la commune d'Hérouville-Saint-Clair et contrarie le projet d'éco-quartier de son maire, Rodolphe Thomas. Le conseil municipal hérouvillais a émis un avis déforable. En revanche, celui de Mondeville, a voté pour, ainsi que celui de Caen, lundi soir. Outre une relance de l'activité portuaire, l'argument principal tient dans la réduction du trafic routier qu'entraînera la livraison de ces conteneurs par voie maritime, entre 30 000 et 50 000 par an. «Un bon projet mais pas au bon endroit», ont objecté les deux conseillers d'opposition de la même sensibilité politique centriste que le maire hérouvillais, Luc Duncombe et Sonia de la Prôvoté.

Le préfet du Calvados Didier Lallement vient d’annoncer qu’il suit l’avis défavorable du commissaire enquêteur sur l’implantation d’une plate-forme de conteneurs sur le port de Caen. Un nouvel équipement qui aurait pu s’implanter au bassin de Calix sur les communes d’Hérouville-Saint-Clair et de Mondeville. Cette plate-forme devait permettre la mise en place d’une liaison maritime régulière entre Le Havre et Caen pour transporter des conteneurs. Des riverains ont violemment protesté contre ce projet s’inquiétant pour d’éventuelles nuisances.

Source : Ouest-France

• https://www.dailymotion.com/video/xnzdx5_caen-le-projet-de-plate-forme-containers-retoque_news#from=embed

Plateforme conteneurs : les raisons du refus



Le préfet a décidé de dire non au projet prévu quai de Calix. Le commissaire-enquêteur a émis un avis défavorable suite à l'enquête publique qui s'est tenue du 14 novembre au 16 décembre. (Lire aussi page 7).
Nuisances

Le commissaire-enquêteur, Patrick Opezzo, constate que les nuisances sont nombreuses. « L'activité de manutention peut procurer une gêne à l'égard des habitants, actuels ou à venir. Les mesures de bruit ambiant n'ont pas intégré les conditions climatiques et géographiques locales [...] », bref, « les nuisances sonores ont été insuffisamment étudiées. »

Trafic

Outre les problèmes de trafic sur le périphérique, le trafic fluvial « va contribuer à engorger la circulation sur la RD 226, la RD 515 et le trafic local [...] Et si l'activité se développe, on aura 18 manoeuvres par semaine, donc il sera difficile de les éviter aux heures de pointe. »

Infrastructures

Le commissaire-enquêteur met le doigt sur des infrastructures à venir. « Un franchissement du canal en aval du pont de Bénouville et une nouvelle voie doit être créée », et il souligne que le projet de liaison LIQN n'est pas « encore arrêté et que son financement ne semble pas assuré ».

Projet intéressant...

Il ne ferme pas la porte au projet. « Cette activité nouvelle revêt une importance stratégique dans la lignée des objectifs définis par l'État », il souligne le « potentiel de la filière conteneurs dans un contexte mondialisé, l'intérêt en terme d'environnement du remplacement du trafic poids lourds par un transport fluvio-maritime et les mesures prévues pour réduire les impacts près de la population. »

...mais ailleurs

« Il est indispensable de donner toutes ses chances à ce type de projet mais sur un site approprié, adapté et appréhendé comme tel, qu'une logique d'anticipation doit permettre une visibilité à long terme. »

Il recommande d'étudier de manière détaillée les sites de Ranville et Blainville voire d'autres « avec réalisation d'une étude d'impact pour chacun d'eux [...] et de proposer au final le site le plus adapté aussi bien pour le développement de la filière de conteneurisation que pour la cohabitation raisonnable avec les zones habitées, existantes et futures. »

Jean-Luc LOURY.

La navette Caen-Le Havre coule avant de prendre la mer

La zone portuaire de Caen. La plateforme de conteneurs devait s'installer au pied du viaduc de Calix.
Archives

Le préfet de Région dit non à la plateforme pour conteneurs dans le port de Caen. Un coup fatal pour les liaisons maritimes Caen-Le Havre ?

La polémique

« Plus que jamais, la question de l'avenir portuaire de Caen est posée. » Laurent Beauvais, président PS de Région, a pris acte, hier, de la décision de Didier Lallement. Le préfet de Région n'autorise pas l'aménagement d'une plateforme pour conteneurs à Caen. Laurent Beauvais ajoute une dose de dramatisation. Pour le président de Région, également président de Ports normands associés (PNA), l'avenir des activités industrielles sur le port de Caen est remis en question.

La décision du préfet fait suite à l'avis défavorable du commissaire-enquêteur sur le projet de plateforme quai de Calix sur le canal de Caen à la mer. L'ouverture d'une navette maritime pour transporter des conteneurs entre Le Havre et Caen est à l'origine de ce dossier. Dans le port de Caen, il était nécessaire d'aménager un espace de réception pour les trois navettes hebdomadaires.

« Nous avons laissé passer les trains »

Durant l'enquête publique, des riverains du canal ont crié leur opposition à ce projet. Ils ont été entendus. Dans son rapport, le commissaire-enquêteur, Patrick Opezzo, note que « l'activité d'une plateforme pour conteneurs reste, malgré les mesures compensatoires envisagées, génératrice de nuisances multiples difficilement compatibles avec la proximité d'une importante zone d'habitat ». Le trafic routier dans le secteur du port de Caen est un autre argument contre la plateforme : « Les trafics du boulevard périphérique et des axes locaux font l'objet de nombreux dysfonctionnements. Le développement de la zone industrialo-portuaire ne peut que les aggraver. »

Le commissaire s'interroge enfin sur l'avenir d'une zone portuaire en agglomération : « La tendance générale des politiques des communes situées à proximité de la vallée de l'Orne entre Caen et la mer a été et reste le développement de l'urbanisation résidentielle. »

Du côté des promoteurs du projet, on a fait profil bas, hier, après l'annonce du préfet. Laurent Beauvais annonce qu'il va « rassembler en urgence le bureau de PNA élargi à la CCI de Caen et à l'agglomération ». Le Grand Port maritime du Havre, partenaire de l'opération, ne réagit pas. Silence également du côté de la CCI de Caen directement concernée : « Le président est en vacances ».

En revanche, Philippe Duron (PS), député-maire et président de l'agglomération de Caen, a dit sa déception : « C'est une belle occasion manquée dans nos tentatives de nous arrimer à l'axe Seine, avec nos partenaires havrais. Et dans le contexte économique de crise, nous devrions tout faire pour assurer le développement du port. »

Du côté des opposants, on crie victoire. Le collectif des riverains n'est pas surpris de la décision et s'en félicite. Maire Modem d'Hérouville-Saint-Clair, Rodolphe Thomas est sur la même ligne : « Je n'ai rien contre l'activité portuaire mais je m'oppose à un développement industriel sur le quai de Calix. On risquait de mettre en péril un développement urbain futur pour un projet dont la réussite économique n'est pas prouvée et seulement pour 10 à 20 emplois. »

Avec la décision d'hier se pose la question du projet des navettes maritimes. Pour Rodolphe Thomas, il est possible d'installer la plateforme chez ses voisins de Blainville-sur-Orne. Une solution évoquée par le commissaire-enquêteur. « Trop cher et les problèmes de trafics routiers seront les mêmes », répondent les défenseurs du projet.

Dans une récente intervention, Laurent Beauvais s'inquiétait : « Nous avons déjà laissé passer beaucoup de trains. Si, en plus, nous laissons passer les bateaux... » Prémonitoire.

Jean-Christophe LALAY.

Ouest-France

En début d’année, face à la fronde de riverains et d’élus, Ports normands associés (PNA) et la Région avaient retiré leur projet de terminal conteneurs sur le bassin de Calix dans le port de Caen. Hier, le président du conseil régional Laurent Beauvais a officialisé son installation à Blainville-sur-Orne, un peu en aval du projet initial. La navette, en provenance du port du Havre, devrait acheminer 10 000 à 15 000 conteneurs par an, à raison de 2 à 3 rotations par semaine. Après quelques investissements et des aménagements pour un total de 3 millions d’euros, les premières navettes pourraient arriver dès le mois de mars.