L'escalier roulant

Côte de Montmorency – Le Havre-Graville

Aux alentours de la première guerre mondiale, un nouveau quartier, Frileuse, se développe à l’Est de celui des Acacias, sur le plateau dominant Graville . Sa population, essentiellement laborieuse, comprend une majorité d’ouvriers travaillant dans les usines de la zone industrielle de l’arrière-port ; le tramway de la Côte Sainte-Marie, même prolongé au Bois des Hallates, répond mal à leur besoins car il ne conduit directement que vers le Centre.

Conscient de cette situation, le Comité de Direction du Chemin de la côte et son Président, M. Evers, se préoccupent en 1922, de réaliser une seconde installation dans l’Est de la ville où, chaque jour, environ 3 000 personnes, montent ou descendent de Frileuse vers les quartiers du Hoc ou de l’Eure.

- Les propositions :

Trois tracés sont étudiés :

l’un partant de la rue de Normandie (Verdun) devant l’église de Bonsecours et montant en ligne droite aux Cités jardins, le second, s’amorçant au premier tournant de l’avenue Jules Massenet pour atteindre la rue de l’abbaye et le troisième, partant de l’église afin de rejoindre la rue de l’abbaye plus à l’Ouest, ce qui nécessitait un tunnel et de très onéreux murs de soutènement.

On constate que tous présentent un double inconvénient : leur sommet est trop éloigné du quartier des Acacias et les relations avec la zone industrielle ne peuvent s’effectuer que par le goulet de la rue Blanqui.

Deux autres projets sont alors mis à l’étude :

Le premier est un funiculaire à double voie partant de la rue Conti, entre le boulevard de Graville et la rue Vauban (Barbès), la station de départ devait être construite en viaduc au niveau de la rue Crillon.

La seconde conception, dans le style du funiculaire existant, devait suivre la rue de Montmorency pour franchir la rue de Washington. La dernière proposition semblait réunir tous les suffrages, mais la poursuite des études fait apparaître l’intérêt d’une technique bien différente :

Un escalier mécanique inspiré des installations du Métro et du Nord-Sud de Paris, et limité à la section la plus pénible du trajet, à savoir l’escalier existant. L’étude complète est conduite par le Chemin de fer de la Côte mais l’exploitation concédée à une société indépendante constituée à cet effet, la « Société havraise de transports en commun » ;

Cette société opte pour -l’escalier mobile- présenté à l’Exposition universelle au début du siècle. Les escaliers de M.Hocquart seront logés dans la rue Montmorency.
Les travaux commencés le 2 février 1926 ont été confiés à l’entreprise Thireau-Morel du Havre pour un prix total d’un million de francs de l’époque.

S’étendant sur 170 m ( 70 m de dénivellation entre Frileuse et Graville), l’appareil, système Hocquart et Grosselin, construit par les Etablissements Grosselin de Sedan, permet simultanément la montée et la descente en utilisant un seul ensemble logé dans deux galeries superposées, en béton armé, construites dans l’axe de l’escalier fixe maintenu.
Les extrémités des parcours sont dotés à l’entrée de guichets de perception.
La partie mobile se compose de deux chaînes continues parallèles. L’ensemble de l’escalier roulant peut être comparé au système d’une drague. Les godets sont remplacés par des marches. Elles sont environ de 300, d’une largeur de 0.90 m et d’une profondeur de 0.84 m ; cette profondeur importante permet le transport des voitures d’enfant et sur deux marches, des bicyclettes.
La station motrice électrique est souterraine et comporte 3 moteurs permettant des vitesses différentes. Le plus rapide de 140 ch est prévu pour une marche accélérée aux heures d’affluence, pour une durée de 4 minutes environ.



L’escalier est mis en service public le 27 mai 1928. Son succès fut très vif dès le début ; sa capacité de 6 000 personnes à l’heure est cependant toujours restée supérieure aux besoins et la grande vitesse peu économique et peu favorable aux personnes agées, cessa d’être utilisée après quelques années.

Le trafic ayant fortement décliné depuis la guerre par suite de la motorisation individuelle , le concessionnaire interrompit son exploitation le 31 décembre 1964, en espérant un rachat par la Ville. Une clause prévoyant qu’en cas d’abandon, le concessionnaire était tenu de remettre les lieux dans leur état d’origine, l’accord ne se réalisa pas et la ville , entrée en possession, reprit l’installation en demandant à la C.G.F.T.(Cie Générale Française de Tramways) d’en assurer l’exploitation qui fut reprise le 19 juillet 1965.

Le personnel, qui avait atteint 22 agents, a été réduit à 7. Pendant les heures les plus creuses, seule la montée resta accessible au public. Mais l’exploitation cessa définitivement en 1984.

Il est à noter que la première année de fonctionnement les fréquentations furent les suivantes : 830 921 voyageurs à la montée, 360 327 à la descente et 312 127 bicyclettes et voitures d’enfants.

A l’époque de sa construction, cet ouvrage représentait le modernisme, le futurisme. Le Ministère de la Culture, par un décret du 8 juin 1984, a rendu honneur à cet ouvrage unique, en le classant Monument Historique.

L’escalier roulant a certes échappé à la pioche des démolisseurs, mais depuis sa fermeture, les baies vitrées sont murées , les portes très solidement sécurisées pour empêcher les squatters .

L’escalier reste très ancré dans la mémoire des Havrais et un profond sentiment de nostalgie règne toujours autour de cet ouvrage qui a connu une très intense fréquentation de la population havraise pour les quartiers concernés.

BaroudeurHK a écrit:Salut à tous, il ya effectivement un Appel d'offre publié sur la page des Marchés Publics du site du Havre :
ESCALIER MECANIQUE MONTMORENCY - CONTROLE TECHNIQUE DE L'OUVRAGE ET ETUDE DE FAISABILITE DE LA MISE EN CONFORMITE DU MECANISME ET DES INSTALLATIONS EN VUE D'UNE POSSIBLE REOUVERTURE

BaroudeurHK a écrit:Il faudrait qu'elles y gagnent quelque chose... Sachant qu'un simple escalier mécanique de conception standard coute au total (maintenance comprise) plus de 500 000€, je n'ose imaginer le coût de remise en état de cet escalier.
l'Appel d'Offre est publié officiellement sous le N° AO-0712-2665 (voi le site www.marchesonline.com)

heuliez14 a écrit:Avec le prix que la rénovation de cette escalier roulant va coûter, il est préférable que Monsieur Le Maire s'entoure de partenaire si je puis dire "solide" financièrement… enfin ce dossier est à suivre de prêt.

funi76 a écrit:C'est très bien mais ce ne sont que des promesses éléctorales. Et cmme disait je crois l'inéffable Pasqua, les promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient.

Donc attendons de voir les réalités et surtout le coûts de la remise en marche.

• Crédit photo de Heuliez14